Une ordonnance pour le Canada : relâcher la pression sur le pétrole, selon BMO Marchés des capitaux
MONTRÉAL,
le 9 juillet 2008 – La perception qui avait cours ces dernières
années voulant que, tout bien considéré, l’économie
canadienne profite des prix élevés du pétrole, compte
tenu du statut qu’occupe le pays comme important exportateur (en
pleine croissance), a grand besoin d’être revue, selon un nouveau
rapport publié par Douglas Porter, économiste en chef délégué,
BMO Marchés des capitaux.
« Il importe de souligner que la hausse des cours du pétrole
et du gaz a franchi ce printemps le point où, plutôt que
de lui donner du lest, le pétrole agit comme une ancre lourde
sur l’économie nationale, a indiqué M. Porter. Même
si l’excédent du commerce extérieur a atteint un
niveau record de près de 5 pour cent du P.I.B. grâce au
secteur énergétique, l’incidence négative
de ce secteur sur les perspectives économiques des principaux
partenaires commerciaux du Canada et sur les consommateurs pèse
beaucoup plus lourd.
À ce stade, une modération soutenue des cours du pétrole
et du gaz aurait l’impact le plus positif à très
court terme sur l’économie canadienne », poursuit-il.
M. Porter s’attarde sur trois domaines dans lesquels les cours élevés
de l’énergie cessent d’être avantageux pour
l’économie canadienne :
- Industrie : La hausse des coûts de l’énergie
est avant tout un problème pour l’industrie nationale,
car elle contribue à l’augmentation générale
des coûts et freine les perspectives de croissance du monde
industrialisé. « Même
le secteur du pétrole et du gaz a été incapable
de contribuer substantiellement à la croissance réelle
de la production au cours des dernières années, selon
M. Porter. Sa part du P.I.B. a en fait décru substantiellement
depuis son sommet du milieu des années 90 alors que la production
de pétrole et de gaz conventionnels ralentissait et malgré l’augmentation
de la production du pétrole issus des sables bitumineux ».
Pendant ce temps, les remontées récentes du prix de
l’essence
avaient eu des répercussions directes sur les ventes de véhicules
automobiles aux États-Unis, heurtant de plein fouet l’industrie
canadienne.
- Consommateurs : La montée fulgurante des prix de l’énergie
a aussi eu un impact direct sur l’humeur et sur le portefeuille
des consommateurs canadiens. Bien que cette humeur soit un tant soit
peu plus positive qu’aux États-Unis, grâce à de
solides gains salariaux et à un marché de l’emploi
beaucoup plus vigoureux au Canada, le fléchissement du niveau
de confiance des Canadiens a également refroidi le marché immobilier.
De plus, pendant que la course folle des prix du carburant faisait les
manchettes, le prix du gaz naturel augmentait discrètement tout
aussi rapidement que celui du pétrole brut au cours de la dernière
année (allant jusqu’à doubler au cours de la période),
hausse qui aura un impact certain sur les factures de chauffage l’hiver
prochain. Comme les frais d’énergie augmentent aussi pour
les compagnies d’hydroélectricité, ce n’est
qu’une question de temps avant que les prix de l’électricité atteignent également
de nouveaux sommets dans plusieurs provinces. En conséquence,
les dépenses totales des foyers canadiens en énergie ont
vraisemblablement atteint un sommet inégalé, totalisant
environ 7 pour cent du revenu disponible, au cours du deuxième
trimestre. La poursuite de cette hausse est à prévoir.
- Inflation : L’augmentation vertigineuse des coûts
de l’énergie a aussi un impact important sur le niveau d’inflation
au Canada. Après que les Canadiens aient été protégés
contre les poussées inflationnistes mondiales pendant des années,
les dernières perspectives économiques de la Banque du
Canada révèlent que les entreprises se préparent à hausser
leurs prix et plusieurs s’attendent à ce que l’inflation
affiche des niveaux supérieurs aux valeurs cibles. Le rapport
sur l’indice des prix à la consommation de juin, qui sera
publié plus tard au cours du mois, pourrait annoncer des valeurs
supérieures à la barre des 3 pour cent, menaçant
même de dépasser la zone de confort établie par la
Banque du Canada au cours des prochains mois. Comme ces chiffres demeurent
encore touchés par la réduction d’un point de la
TPS au début de l’année, le taux d’inflation
sous-jacent réel prévu pourrait se rapprocher des 3,5 pour
cent.
Le rapport complet est accessible sur le site bmocm.com/economics (en
anglais seulement).
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