Le prix Siminovitch de 100 000 $ est décerné à la dramaturge montréalaise Carole Fréchette
La dramaturge montréalaise Carole Fréchette a été désignée aujourd’hui lauréate du Prix Elinore et Lou Siminovitch en théâtre 2002, la plus importante récompense annuelle du genre au Canada. L’annonce en a été faite lors d’une cérémonie tenue au historique Hart House Theatre de l’Université de Toronto. Plus de 400 personnes – membres du milieu du théâtre, personnalités des milieux des affaires et de la politique – participaient à cette activité qui était parrainée par BMO Groupe financier.
Comme lauréate de ce prix prestigieux, Mme Fréchette a reçu un chèque de 75 000 $, tandis que sa protégée, la dramaturge montréalaise Geneviève Billette, recevait un chèque de 25 000 $. Ce partage du prix a été voulu ainsi par ses fondateurs pour souligner la grande importance qu’ils reconnaissent au mentorat.
Âgée de 53 ans, Mme Fréchette a écrit plus de huit pièces, la plupart au cours des cinq dernières années. Le jury l’a sélectionnée parmi 35 candidats venant de toutes les régions du Canada.
Le jury était sous la présidence du metteur en scène Bill Glassco. Les autres membres du jury étaient la comédienne d’Halifax, Nicola Lipman, le copropriétaire et cofondateur du TheatreBooks de Toronto, Leonard McHardy, le dramaturge albertain, John Murrell, et la dramaturge et traductrice littéraire montréalaise, Maryse Warda, actuellement adjointe à la direction générale de l’École nationale de théâtre du Canada.
En faisant connaître leur choix, les membres du jury ont décrit Mme Fréchette comme une artiste «en pleine possession de ses moyens et au sommet de sa forme», et ont exprimé le vœu que les Canadiens puissent «découvrir et apprécier» cette dramaturge.
«De façon subtile et renversante, Carole Fréchette fait appel aux aspects profonds du théâtre pour explorer la part de mystère de la vie quotidienne», a indiqué le jury. «Ses pièces concilient le connu et l’inconnu, l’accessible et l’exotique, mariage qui est la marque du grand art».
Au cours de la cérémonie de remise du prix, la comédienne torontoise Tanya Jacobs a lu un extrait du rôle qu’elle a joué dans Les Quatre Morts de Marie, de Carole Fréchette, pièce jouée pour la première fois en 1994 pour laquelle son auteur a reçu le Prix du Gouverneur général en 1995 et le Chalmers Prize en 1998. Deux autres pièces de Mme Fréchette, La Peau d’Élisa et Les Sept Jours de Simon Labrosse, de même que Jean et Béatrice, œuvre plus récente, ont également été sélectionnées pour le Prix du Gouverneur général.
Pour la seule année 2002, Mme Fréchette compte trois pièces présentées sur scène simultanément et deux autres en cours d’adaptation pour la télévision, tandis qu’une quatrième fait l’objet de cinq productions à l’étranger.
Le président du conseil et chef de la direction de BMO Groupe financier, Tony Comper, a exprimé la pensée d‘un grand nombre de participants à cette soirée lorsqu’il a déclaré, dans son allocution : «que l’on pouvait difficilement demeurer insensible devant la qualité exceptionnelle des dramaturges qui enrichissent la vie culturelle de notre pays». Pour sa part, le maître de cérémonie, Brent Carver, a fait remarquer que «les dramaturges canadiens ont acquis beaucoup de maturité et forment l’un des groupes de créateurs les plus prisés de la planète», comme en font foi les pièces canadiennes qui sont actuellement présentées sur scène à Glasgow et à Londres, en Angleterre, de même qu’en Irlande, en Australie, aux États-Unis en Europe continentale.
Les pièces de Mme Fréchette figurent parmi celles qui ont connu le plus de succès à l’étranger. Traduites en plusieurs langues, elles ont été mises en scène en Belgique, en France, en Allemagne, au Liban, au Luxembourg, au Mexique, en Roumanie, en Suisse et en Syrie, en plus de connaître un grand succès sur les scènes canadiennes.
Geneviève Billette, protégée de Mme Fréchette, compte déjà trois pièces mises en production, et sa première pièce Crime contre l’humanité a été sélectionnée pour le Prix du Gouverneur général et pour l’obtention d’un «masque» lors de la remise annuelle des prix de théâtre de la scène montréalaise. Sa plus récente pièce, Le Pays des genoux, sera mise en scène lors de la prochaine saison théâtrale avec l’aide d’une subvention du Fonds Gratien Gélinas. Le Goûteur, une autre de ses pièces, a été produite cette année à Limoges (France) au Festival International des Théâtres Francophones. Diplômée de l’Université de Montréal, Mme Billette a étudié l’écriture dramatique pendant trois ans à l’École nationale de théâtre du Canada.
Lou Siminovitch, l’un des plus éminents scientifiques canadiens, assistait à la cérémonie de remise. Le prix, qui porte les noms de Lou Siminovitch et de sa regrettée épouse et dramaturge, Elinore Siminovitch, symbolise l’importance que cette dernière accordait à la recherche de l’excellence et au mentorat.
Décerné annuellement, le Prix Siminovitch est accordé en alternance à un dramaturge, à un scénographe et à un metteur en scène, à mi-carrière, dont l’apport au théâtre canadien est digne de mention. Le lauréat obtient 75 000 $ et désigne un protégé ou un organisme à qui l’autre partie du prix, en l’occurrence 25 000 $, sera remise. L’an dernier, première année de remise du prix, celui-ci a été décerné au metteur en scène Daniels Brooks et à son protégé, Chris Abraham.
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